L'exposition "Les métamorphoses de la photographie"

Un article sur le blog de la Dormeuse, un article dans Ariège News, un article dans La dépêche, et un autre encore dans Le Petit Journal (Ariège), pour une exposition qui a enregistré un pic de 70 visites sur une journée, scolaires et adultes, le vendredi 22 mars. Merci à tous.
Quelques images de l'exposition.
Nicolas Baudouin pratique ce qu'il nomme la post-photographie. Il ne prend pas lui-même les clichés, et s'affranchit de "l'instant décisif". De fait, il déplace ce fameux instant, qui devient celui du choix, puis du retraitement de l'image.

Les premières séries de "Google Steet" de Nicolas Baudouin portent la marque d'un dispositif technique moins performant que les prises de vue actuelles. Mais ces tons fanés, ces pixels épais, n'en ont pas moins de charme, surtout quand ils citent le "baiser de l'hôtel de ville", ou quand ils donnent à un Vélib une touche proche de nos vieux "Solex".


Les triptyques proposent d'associer trois images entre elles, sans que l'on sache quel critère d'association a été choisi par l'artiste. Ces rébus visuels sont fort appréciés des enfants, qui y montrent, évidemment, une perspicacité imparable. Trouver le rapport entre une saucisse dans la saumure et un grain de peau orné de taches de rousseur... 
Matthieu Fappani a montré une diversité de techniques remarquable et remarquée. La photographie devient le matériau de base à partir duquel s'orienter vers la peinture, la sculpture, l'installation. La photographie s'est définitivement affranchie de cette fameuse "perte d'aura" : elle est la terre à modeler, le tube de couleur, à partir desquels le plasticien crée de nouvelles formes.
Les portraits transférés sur plastique thermoformé de Matthieu Fappani demandent à être regardés sous plusieurs angles différents, comme s'il s'agissait d'une anamorphose...mais de quel monstre, de quel héros? De fait, on ne sait jamais quel image privilégier et si le plus monstrueux n'est pas le plus évident. Ce qui est montré est forcément vrai.


Tel ce personnage composite, avec ces oreilles démesurées, yeux clos pour laisser le spectateur le dévisager en douceur, et s'accoutumer de sa nature ambivallente, homme-lapin, ou homme-chauve-souris, étrangement serein, malgré le support déchiré, recomposé, du fond

Karine Labrunie met en scène des cadres photo numérique, le dernier en date des médias, après le tableau, la photo, l'écran vidéo. Qu'un artiste s'empare des derniers états de la technique et en fasse sa chose, la détourne, l'utilise, lui fasse rendre ce pour quoi elle n'avait pas été conçue à l'origine, quoi de plus réjouissant! Quoi de plus normal?

De beaux et innatendus effets de sens attendent ceux qui restent devant ces cadres photo, composés d'images propriété de l'artiste, d'images issus d'un fonds familial, et d'images chinées au hasard. Ce matelot avec le mot "Vérité" écrit sur son béret, clin d'oeil de la photographe à la photographie, dont on a pu croire, un temps, qu'elle était une part du passé, un morceau de réel innocent... alors que l'on sait que toute photo - même documentaire - est une mise en scène.

D'origine franco-libanaise, Karine Labrunie a effectué de nombreux séjours au Liban, interviewant, photographiant les familles. La traversée des années de guerre civile lui a donné matière à d'émouvantes captations, dont ces photos sont le témoignage.

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